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La page blanche


Il existe plusieurs types de deuils. Comme celui d'une relation amoureuse par exemple.

Celui duquel il est question ici concerne le deuil par la disparition.

Lorsqu'on perd un proche, nous entrons « logiquement » dans un processus de deuil. Faire son deuil, qu'est ce que ça veut dire au juste? Oublier? Vivre avec le manque? Faire comme si notre proche était encore là? Accepter? Se faire à l'inacceptable? Se souvenir? Le deuil est un processus. Une phase au sein de laquelle le chagrin, la colère, sont omniprésents. Une phase d'au revoir. Elle s'inscrit dans un contexte où se mêlent les émotions ressenties et les moyens mis en œuvre pour continuer à vivre. Ce n'est pas toujours possible. Parfois, la douleur est telle que le temps s'arrête. Comme figé. La vie se stoppe nette avec la perte de l'être cher. En ce sens, le processus s'arrête avec nous. Parce qu'on ne réussit pas à dépasser notre émotion et à rester vivant. Chacun fait son deuil comme il le peut. C'est une étape qui est propre à chacun, au regard de notre histoire, du contexte de la perte, de la personne qu'on a été obligé de quitter: si c'est un enfant, un parent, un(e) ami(e), un(e) conjoint(e), parfois même un animal de compagnie.

Il peut arriver de rater notre rendez-vous. Et ne pas avoir pu dire au revoir quand ou comment on aurait voulu le faire. Mais il est toujours temps de se séparer. Même avec ceux qui sont partis, et même bien plus tard dans le temps.

Dire au revoir est important. C'est ce qui oppose la rupture de la séparation. Dans les théories systémiques, on accorde une différence fondamentale entre ces deux notions: La rupture c'est une séparation brutale. Dans des non-dits, un contexte flou. L'absent (mort ou vivant) rôde alors, tel un fantôme dans notre vie. Et tourner la page peut s'avérer très compliqué, l'avenir bloqué. La séparation, elle, consiste à dire au revoir en se situant dans la clarté vis à vis de la relation et de sa séparation d'avec elle. De la vivre et l'accueillir.

On peut alors enclencher une nouvelle phase de vie. Comme une page blanche à réécrire.

Récemment, j'ai adressé un ultime au revoir à une amie. Partie trop tôt. Trop tôt car elle était trop jeune pour mourir. En cela, cette perte est vécue comme injuste. Et inacceptable. Ce qui me permet de la laisser partir, c'est d'avoir pu lui dire "au revoir". Bien sûr, cela ne suffit pas à être moins triste, ou à accepter sa disparition et la colère qui en découle. Mais elle me dispose à pouvoir continuer à vivre, sans elle. A être habitée par des émotions moins violentes.

Cet article est la page blanche à réécrire.

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